1646 : succès de l’émail
Au milieu du XVIIe siècle, à l’époque où la production de porcelaine prenait son essor, le clan féodal de Nabeshima décida d’augmenter considérablement l’impôt prélevé sur les industries. Si les potiers souffrirent de la hausse de l’impôt, ils étaient malgré tout parvenus à obtenir des profits suffisants pour continuer à survivre même en payant la taxe exorbitante. À cette époque, les céramiques étaient expédiées par le port d’Imari, situé à un peu plus de dix kilomètres d’Arita. Les commerçants y débarquaient de tout le pays pour faire leurs achats, notamment les commerçants d’Ashiya (Chikuzen), ceux de Kishū (Minoshima, préfecture de Wakayama), ou encore ceux d’Ōmi et ceux de Niigata qui utilisaient la route des Kitamaebune.
Les commerçants d’Imari recevaient des commandes de commerçants venus de diverses régions et achetaient les produits des potiers d’Arita, aidés par les nishi et les ninyānin, qui se chargeaient du transport des céramiques d’Arita à Imari. Les nishi possédaient une technique pour emballer les céramiques dans de la paille afin de ne pas les briser, tandis que les ninyānin les transportaient en marchant. Chaque jour, au moins cinquante ninyānin empruntaient la route reliant Imari à Arita, participant ainsi à la distribution des céramiques.
Alors que la demande croissait et que la porcelaine d’Arita s’immisçait de plus en plus dans la vie des gens, c’est le succès de l’émail *1 qui donna un nouvel essor à cette activité. Higashijima Tokuzaemon, un commerçant d’Imari, joua un rôle important à cette époque. Les Mémoires de l’émail (Akae hajimari no oboe) transmises dans la famille Sakaida depuis Kizaemon (anciennement Sakaida Kakiemon), le premier à avoir réussi dans les porcelaines d’émail racontent qu’à Nagasaki, Higashijima Tokuzaemon avait payé une grosse somme d’argent à un Chinois dénommé Shiikuwan pour se faire enseigner la méthode de l’émail, et qu’il la transmit à son tour à Kizaemon.
La suite raconte qu’il essaya de faire des émaux, d’abord en vain, puis qu’il y réussit avec un certain Gosu Gonbee. On pense que ce personnage pouvait être Japonais ou Chinois, mais rien ne le prouve.
À cette époque débutait en Chine la dynastie Qing (de 1644 à 1912), mais le combat contre les forces rebelles de la dynastie Ming (de 1368 à 1644) se poursuivait. Le côté sud de la rive était en pleine bataille et à Keitokuchin, la plus importante zone de production de porcelaine, la fabrication et l’exportation furent retardées. Certains spécialistes mettent en évidence la possibilité que le climat social de la Chine, les méthodes de remplissage des fours, ou encore les méthodes de décoration de cette époque autres que l’émail utilisées dans les techniques de fabrication des porcelaines d’Arita – comme la technique de découpe, de ciselage au fil, ou de dessin à l’encre avant cuisson – changèrent avec les techniques chinoises, et que des potiers de Ming soient ainsi venus à Arita *2.
- *1 « Journal d’Izumiyama », blog du musée d’histoire et du folklore d’Arita)
Comme « l’ « émail coloré » était une expression taboue », « émail » signifie en réalité « émail coloré ». Celui qui fait des émaux est un « émailleur », et se sert d’un « four à émail ». Le lieu où les émailleurs se rassemblent s’appelle le « quartier des émailleurs ». - *2 Ōhashi KŌJI, ancien président du musée de la céramique de Kyūshū de la préfecture de Saga et actuel conseiller honoraire, « Les céramiques et porcelaines qui ont traversé l’océan » (Umi wo watatta tōjiki), 2004, éditions Yoshikawa Kōbunkan