2016 : le 400e anniversaire de la porcelaine d’Arita, pour continuer vers « ARITA EPISODE 2 »
Depuis la naissance des premières porcelaines japonaises sur les terres d’Arita en 1616, la production de porcelaines est restée ininterrompue grâce aux gens qui l’ont célébrée. Et aujourd’hui, en 2016, la porcelaine d’Arita fête son 400e anniversaire.
Si l’on regarde l’histoire des poteries d’Arita qui s’étend sur 400 ans, le caractère innovant de l’histoire de l’industrie porcelainière devient évident.
Depuis la découverte du kaolin qui est la matière première principale nécessaire à la fabrication de la porcelaine, jusqu’à son extraction et son raffinement pour obtenir de l’argile, la recherche perpétuelle de matières premières et d’un mélange d’une qualité toujours meilleure, et le développement ininterrompu de l’argile pour parvenir à une production encore plus stable nous ont conduit jusqu’au présent.
Dans le cadre de la confection de la terre crue à partir de l’argile, des techniques de modelage destinées à créer des formes encore plus complexes comme le ciselage au fil ou l’application d’emporte-pièces furent inventées en plus du façonnage à la main ou celui au tour de potier. Afin d’augmenter la productivité, des moules furent utilisés, et au début de la confection des moulages, la mécanisation progressa encore davantage, permettant une production de masse incomparable avec les capacités humaines grâce à des moulages par pression ou à un modelage par machines à tête de rouleau.
La porcelaine d’Arita évoque le plus souvent chez les gens l’image de l’émail aux couleurs vives et aux dessins méticuleux. Mais plusieurs techniques décoratives et pigments ont été développés, des décorations sous le vernis (shita-etsuke) au bleu de cobalt appelé « gosu » aux décorations vives utilisant du rouge, du vert, du jaune et de l’or connues sous le nom d’akae (émail). Depuis l’époque où elles étaient réalisées à la main, la reproduction de décorations qui accompagne l’amélioration des techniques d’impression, d’impression de motifs et de reproduction de gravures, ou de sceaux utilisés pour dessiner des lignes, a évolué pour répondre au nouvel esthétisme demandé sur le marché, comme l’impression à blocs ou en spray qui rendent possible l’expression de motifs plus délicats et sur des surfaces plus courbes. Le développement de peintures sans plomb dans la recherche de matériaux toujours plus sûrs pour l’utilisation en tant qu’ustensiles de cuisine s’est accompagné d’une évolution très variée de l’émail.
En ce qui concerne les techniques de cuisson, la recherche d’une productivité toujours plus stable et de plus de liberté dans la création ont conduit au développement d’un processus de cuisson à étapes allant de la précuisson à la cuisson réelle, et complété par la cuisson de l’émail. Les matières combustibles pour la confection de porcelaines, appelée « art des flammes », changèrent au fil du temps pour passer du bois à la houille, au fioul, à l’électricité, puis au gaz. Les qualités de chacun de ces combustibles permirent de les utiliser en même temps et des fours à poterie de tailles très diverses furent employés pour des raisons de productivité.
Le processus de fabrication qui commence avec le kaolin et aboutit à la forme finale qu’est la porcelaine est loin d’être le fruit du travail d’un seul artisan et a nécessité l’amélioration des techniques, l’expérience et l’accumulation de connaissances très variées. C’est ainsi que grâce à la division du travail à chaque étape de ce processus entre les potiers responsables de l’extraction du kaolin, du mélange de l’argile, de la fabrication des moules, de la confection de la terre crue, du développement des pigments et de l’émail, et enfin de la cuisson, un système de production visant à l’amélioration de la qualité de chaque produit a pu être mis en place.
Avec ces artisans, l’industrie porcelainière fut ainsi reconnue au niveau national et aussi loin qu’en Europe, et des commerçants et sociétés commerciales qui se dévouèrent à la diffusion de la porcelaine d’Arita virent le jour dans la région et aboutirent à la constitution d’un système où la vente était séparée de la production.
Le conservateur du Musée de la céramique de Kyūshū, Suzuta Yukio, raconte que « les stimulations de l’extérieur » jouèrent un rôle essentiel dans l’histoire de ce développement de la porcelaine d’Arita.*1 L’histoire de sa confection commença avec la création du procédé de fabrication de la porcelaine grâce au potier coréen Yi Sam-pyeong considéré comme le père de la poterie à Arita, et se poursuit avec l’arrivée de techniques de confection et de matériaux depuis la Chine et la Corée par l’île de Dejima à Nagasaki, puis avec l’introduction des techniques occidentales importées par les oyatoi gaikokujin (conseillers étrangers) comme Wagner au moment de la restauration de Meiji. Par ailleurs, en ce qui concerne la circulation des porcelaines, l’artisanat basé sur la demande du marché, avec par exemple les commandes venues d’Europe par la Compagnie des Indes Occidentales ainsi que les demandes des grandes régions consommatrices telles Edo, Ōsaka ou encore Kyōto, était prisé et entraîna la production de porcelaines de très bonne qualité.
La production porcelainière qui fut jadis l’industrie de technologie la plus avancée apporta la richesse à Arita qui était la plus brillante dans ce domaine et qui avait à proximité les matières premières requises. La montée en puissance d’autres régions productrices japonaises, la concurrence des marques européennes de plus en plus populaires, ainsi que l’afflux sur le marché japonais de produits étrangers à bas coût suite à la globalisation de ces dernières années s’accompagna du déclin de sa supériorité et la diminution des ventes en vint à ne plus pouvoir être freinée à partir du pic de 1991 (an 3 de l’ère Heisei).
Le mode de vie quotidien devenant plus opulent avec le temps, le développement de produits adaptés aux besoins contemporains se faisait sentir avec les nombreux changements de styles de vie. Cependant, la constitution du système où la vente était séparée de la production fut loin d’être bénéfique, et on ne peut pas nier le retard d’une production artisanale prenant en compte les tendances du marché et la psychologie des consommateurs.
Le projet de célébration du 400e anniversaire des premières porcelaines d’Arita fut organisé avec « ARITA EPISODE 2 » pour garder les yeux rivés sur l’avenir malgré ce sentiment de crise à l’arrivée de l’année 2016, et vit la mise en place de collaborations créatives récentes avec le consulat des Pays-Bas, l’invitation de nombreux designers et spécialistes du développement de produits actifs au niveau international, et des collaborations entre les entreprises locales pour essayer de créer une nouvelle génération d’artisanat à partir de diverses approches.
« Même si nous employons le terme de projets d’aide à la préfecture de Saga, nous n’avons pas l’intention d’organiser avant tout des événements et autres cérémonies de commémoration. Nous souhaitons tenter d’appréhender les 400 années à venir avec la détermination de faire un pas de plus dans cette direction », a déclaré le directeur du comité de planification de la célébration du 400e anniversaire de la porcelaine d’Arita de la préfecture de Saga, Shiki Nobuyuki. Les 17 projets ainsi mis en œuvre ont été « stimulés de l’extérieur » comme l’histoire de la porcelaine d’Arita et sont maintenant prêts à continuer dans la région porcelainière le parcours des 400 années fondatrices, sans rester prisonniers du passé et tout en s’attelant à des défis futuristes.
Introduire activement de nouvelles techniques et de nouvelles connaissances offertes par le monde entier à l’image de leurs prédécesseurs. Répondre sans cesse à la demande de notre temps et s’investir dans la recherche et le développement de nouveaux processus de fabrication et de nouveaux matériaux, ainsi que dans l’exploitation de design numériques, et se lancer sans hésitation à l’assaut de techniques avancées et d’un esthétisme moderne. Transmettre l’âme de la fabrication d’objets des artisans d’Arita qui ont tout fait pour créer une qualité de produit sans égale de nouvelle valeur, transmettre cette valeur à son utilisateur et bâtir une organisation pour lui apporter. C’est ici et maintenant que commence le chemin du futur d’ARITA.