1828: Grand incendie de Bunsei, réformes de Tenpō, réouverture du commerce vers les Pays-Bas
Suite au grand incendie de Bunsei qui se produisit le 9 août 1928 (an 11 de l’ère Bunsei), Sarayama à Arita se transforma en champs calcinés. Avec des vents à 30 m/s, une tempête à faire s’envoler les tuiles s’abattit sur Kyūshū, et à Arita, le feu des fours de poteries de Iwatanikawauchi s’échappa, causant un grand incendie dans lequel plus de 50 personne perdirent la vie.
850 maisons d’Arita furent consommées par les flammes, cela représentait la moitié des maisons du fief de Saga, qui s’élevait en tout à 1647. À Sarayama pratiquement tous les toits des fours noborigama furent brulés, et dans les vieilles familles comme celle des Tsuji, tous les documents, entre autres généalogiques, furent réduit en cendres. Les registres de décès des temples furent aussi été perdus, seul le bureau du magistrat de Shirakawa fut épargné et il n’y avait plus aucune trace de la ville qu’on appelait « Arita sengen » (Arita aux mille maisons). Ce typhon ne se limita pas à Kyūshū, il aussi souffla sur les régions de Shikoku, du Chūgoku, du Hokuriku et du Tōhoku, mais c’est à Saga que les dégâts furent les plus conséquents, où 90% des 360 mille koku de la production de riz, équivalant à 310 mille koku, furent endommagés.
Bien qu’ayant survécu, n’ayant plus ni vêtements, ni nourriture, ni emploi, les habitants d’Arita, devenus réfugiés, se succèdèrent pour trouver refuge à Sotoyama, Ōsotoyama ou dans les villes de Hasami et Mikawachi dans la préfecture de Nagasaki et ainsi l’excellence technique qu’il y avait à Uchigawa se diffusa.*1
On appelle « la chute d’Uchiyama » ce que les historiens d’Arita voient comme « l’éparpillement des artisans pour former la grande sphère de la porcelaine de Hizen » *2 et qui a entraîné une amélioration de la qualité de la production de céramique dans toute la région. L’année suivante, le fief commença les travaux de rénovation du château de Saga. Il exempta à la fois Sarayama de contribution et, afin de restaurer les fours à poterie, offrit un prêt à bas taux.
L’histoire de Naomasa (1815-1871), qui prit la succession à la tête du fief en tant que dixième chef de clan à l’âge de 17 ans et retourna au pays environ deux ans après le grand incendie en 1830 (dernière année de l’ère Tenpō), témoigne avec une grande fidélité de l’indigence du domaine de Saga à cette époque.
La suite de Naomasa, encerclée par les créanciers postés à sa résidence de Shinagawa, ne pouvait plus en bouger. Les dégâts provoqués par le typhon de Bunsei avaient considérablement diminué les recettes annuelles, mais à cause du fardeau que représentait la garde de Nagasaki et d’un train de vie tapageur, le fief de Saga ne parvenait pas à diminuer ses dépenses et se trouvait au bord de la faillite.
Naomasa, qui succèda à la tête du fief très jeune et qui n’avait comme misérable expérience que d’être pourchassé par les dettes, s’efforça, dès qu’il rentra sur ses terres, de redresser les finances en promulguant un décret d’ « ordre à la simplicité et à l’économie ».
Faire des repas frugaux, le matin, soupe miso et tsukemono, le midi et le soir poisson séché ou bouilli, et ne porter que du coton. Il fut aussi demandé une simplification des cérémonies, pour la mariée plus de vêtements en soie, et l’argent retiré des épingles à cheveux traditionnelles. En plus de ces efforts pour redresser le fief économiquement, un nouveau souffle dans la production de riz et de porcelaine fut imposé.
Cependant en 1836 (an 7 de l’ère Tenpō), à cause du mauvais temps qui sévit sur tout le Japon, une famine éclata et entrava grandement le clan Saga dans son projet de renaissance de Sarayama.
Dans ces conditions difficiles, le fief de Saga, qui espérait beaucoup de la poterie, répondit à la demande du magistrat de Sarayama et soutint financièrement, autant que possible, les fours. Néanmoins, les fléaux naturels se poursuivant, et comme les esprits s’éparpillaient et que les controverses et conflits ne cessaient, en 1838 (an 9 de l’ère Tenpō), Naomasa renforça la surveillance en créant un poste de « kyōdōjo » (centre de formation), à Sarayama. Dans le même temps, il y envoya le confucéen Kusaba Haisen pour donner priorité à l’éducation dans cette même région.
Tandis que le domaine de Saga avait annoncé des mesures de restauration suite aux catastrophes naturelles et à la famine, à Nagasaki, le négociant de laque, Asadaya Shigebee, avec qui coopérait Hisatomi Yojibee, marchand de porcelaine d’Arita, se lança dans le commerce direct avec les Pays-Bas. À l’occasion d’une demande d’expertise de porcelaine d’Arita, Hisatomi réussit à négocier directement avec le consul hollandais, et il demanda et reçut ensuite l’autorisation du fief pour commercer avec les Pays-Bas.
On suppose que la marchandise expertisée était ce que le condamné à mort, Ureshino Jirōzaemon, avait exporté illégalement, et le fait que Hisatomi ait pu grâce à cette marchandise s’établir à Nagasaki ne peut être que vu comme la magie de l’Histoire. En 1841 (an 12 de l’ère Tenpō), près d’un siècle s’était écoulé depuis la mort de Tomimura et Ureshino.
Le daimyō Naomasa, en plus des mesures pour le développement de la porcelaine, se lança dans une politique financière agricole afin d’améliorer la vie des travailleurs de la terre. Se limitant au district de Nishimatsuura, il ordonna la diminution du loyer des fermiers d’un tiers sur 5 ans, afin qu’ils puissent avec les économies faites acheter des terres. Cette réforme osée, qui anticipait celle d’après-guerre sur les terres cultivables, témoigne du caractère précurseur de Naomasa, mais cette série de réformes fut très influencé par deux confucéens, Koga Kokudō (1778-1836) et Shōji Sekikei (1793-1857).
Sekikei tenait un commerce familial de de pinceaux à dessin et de prêt sur gages, et pendant son temps libre, donnait bénévolement des cours aux enfants. On dit que certains venaient de loin pour suivre son enseignement. Il avait lui-même perdu sa fortune lors du grand incendie mais, tout en défrichant de nouvelles terres pour reconstruire sa vie, il rédigea « Keizai mondō hiroku zen nijū maki » (notes personnelles sur les problèmes économiques, en 20 rouleaux) en 1831 (an 2 de l’ère Tenpō). Par le biais de Koga Kokudō, il envoya cet ouvrage à Naomasa, et il fut d’une grande contribution pour le redressement des finances du fief de Saga qui était au bord de l’effondrement.*3
La suite fit que des personnes talentueuses se rassemblèrent sous l’influent daimyō Naomasa et les réformes du fief progressèrent, Sarayama ressuscita et connut un très grand nouvel essor.
- *1 L’arrondissement Uchiyama d’Arita se trouve entre la carrière d’Izumiyama et le collège d’Arita, dans les environs de l’actuelle gare de Kami-Arita. Sotoyama désigne Shita-Arita qui est au sud d’Uchiyama, Hiroseyama qui est à l’ouest, Ōkawachiyama et Ichinoseyama d’Imari au nord. Ōsotoyama désigne Tsutsukōzan à Yamauchi-machi dans la ville de Takeo, Yuminoyama ou Kotajiyama à Nishikawanoborichō à l’est d’Uchiyama, ou encore Uchinoyama et Yoshidayama dans la ville d’Ureshino au sud-est. Enfin la ville de Hasami dans la préfecture de Nagasaki se trouve au sud d’Arita et Mikawachi est au sud-ouest. Suite au grand incendie de Bunsei, la production de porcelaine s’est étendue en dehors d’Arita et le daimyō Nabeshima Naomasa, grâce à un grand nombre de mesures de relance, réussit à donner un nouvel essor à la porcelaine d’Arita.
- *2 Hiroki NAKAJIMA « Histoire de de la porcelaine d’Hizen », (Hizen Tōji Shikō), 1985, Seichosha
- *3 Akira SUGITANI « Nabeshima Naomasa (les personnalités importantes de Saga) », (Nabeshima Naomasa (Saga ijinden)), 2011, Musée d’histoire du château de Saga.